MATHIEU KAHN A DISPARU
Seules trois personnes l'ont vu récemment.
Son frère. Son médecin. Un commerçant du coin.
Depuis, la police le cherche.

Détail important : Mathieu Kahn est aveugle.

ÉPISODE 2

 

Mathieu Kahn a disparu et personne, ni son médecin,

ni son frère, ni l’épicier du coin de la rue qui prétend être son ami

ne savent où il est.

Au commissariat, les interrogatoires

des deux principaux témoins se poursuivent…

 

 


 

APPEL TÉLÉPHONIQUE DU DR MANON RIAULT

 

J’entends le téléphone sonner à l’autre bout de la ligne, tout en regardant ma montre. Pourquoi met-il autant de temps à répondre ce fichu commissaire. Finalement, on décroche :

— Allo ?

Étonnant me dis-je, une voix de femme, ça doit être sa secrétaire

— Bonjour, je suis le docteur Riault. Il y a quelques heures le commissaire Lacan m’a posé des questions à propos de la disparition de Mr Kahn, mon patient qui a disparu. Malheureusement, je n’avais pas beaucoup de temps à lui accorder. Il m’avait donc donné son numéro pour que je puisse le rappeler si je me souvenais de quelque chose d’important. Il m’avait aussi demandé de réfléchir à la question suivante : le trouvais-je changé ou distant comme le supposait le frère du disparu ?

— Oui je vois, il m’en avait parlé, reprit la voix, je vous le passe tout de suite. 

 

Au bout d’un certain temps de silence, une voix, masculine cette fois-ci, se fit entendre au bout du fil.

— Merci de m’avoir appelé aussi vite, je sais que votre temps est précieux.

— Effectivement, c’est pour cela que je serais la plus brève possible.

— Je comprends. Bon, qu’avez-vous à me dire ?

— Deux choses. La première c’est la réponse à votre question : je n’ai rien remarqué à ce sujet à propos de mon patient. Mais je ne suis que son médecin, je n’entretiens donc pas de relations personnelles avec lui, je ne peux donc pas vous éclairez davantage. Il serait même inconvenant que je le connaisse outre mesure. La deuxième c’est que je me suis rappelée d’un moment qui me parait aujourd’hui quelque peu inhabituel. Un jour où je l’avais ausculté, ce n’était non pas sa femme qui l’attendait dans la salle d’attente comme à son habitude pour repartir, mais deux hommes plutôt costauds en imperméable gris, avec des lunettes de soleil noires sur leur nez et un chapeau melon de la même couleur que leur vêtement. Comme Mr Kahn est parti avec eux sans protester, je me suis dit que c’était surement d’autres membres de sa famille avec cependant des goûts assez douteux.

— Pourriez-vous me donner la date précise où cela s’est passé ?

— Il me semble que c’était environ une semaine et demie avant sa disparition.

— Bien. Je vous remercie de votre appel. J’ai cependant une question à vous poser si bien sûr vous avez encore un peu de temps.

— C’est votre jour de chance commissaire : mon prochain patient n’est que dans une heure.

— Parfait. Je voulais donc vous demander si vous sauriez si notre cher disparu se droguait ?

— Pardon ?

— Mathieu Kahn se droguait-il ?

— Je… eh bien c’est une sacrée question ça.

— Alors ?

— C’est bien indiscret de votre part de me demander ça, cher Monsieur.

— Écoutez-moi bien docteur Riault, indiscret ou pas je veux que vous me répondiez. C’est une question de vie ou de mort.

— Très bien, très bien, je vais vous répondre. Voilà, c’était il y a de cela quelque mois :  je lui ai fait sa prise de sang mensuelle et en l’analysant, j’ai trouvé non seulement de la nicotine qui coulait dans ses veines alors que depuis maintenant dix ans que je suis responsable de lui, je ne lui en avais jamais prélevé même ne serait-ce qu’un tout petit peu ; mais également une grande dose d’héroïne. Bien sûr cela me regarde pas, je ne lui en est jamais parlé.

— Combien de fois cela s’est produit ?

— Ça n’a jamais cessé à vrai dire. J’ai du travail à faire maintenant je me vois dans l’obligation de vous laisser. Bonne journée à vous Mr le commissaire.

— Attendez ! Ce n’est… 

N’écoutant pas sa question, je raccroche.

Pendant les minutes qui suivent, mon téléphone ne cesse de sonner. A bout de nerf, je décroche.

— Mais enfin, vous n’en avais pas marre de m’harceler ! Si je ne vous réponds pas c’est que je suis occupée !

— Docteur Riault, vous allez arrêter de jouer à ce petit jeu avec moi, j’en ai plus qu’assez de tous vos caprices. La vie d’un de vos précieux patients est en jeu, vous vous souvenez ? Maintenant, vous allez répondre à ma question et cessez de vous défiler. A moins que vous me cachiez quelque chose ?

— Insinuez-vous que je serais coupable de la disparition de Mathieu Kahn ?

— Je n’insinue rien du tout. Répondez simplement à ma question et tout se passera bien.

— Très bien. Je vous écoute.

— Mathieu prenait-il un traitement ? Et si oui, quelles en seraient les conséquences s’il était amené à pas le prendre ?

— Il avait des cachets à prendre pour éviter des douleurs. Et si cela ne suffisait pas, je devais lui faire une piqure, mais ça je vous l’ai déjà dit.

— Oui je m’en souviens. Et que se passerait-il si vous ne lui administriez pas cette fameuse piqure ?

— Je n’en ai aucune idée. Cela ne s’est encore jamais produit, je ne peux donc pas vous répondre avec certitude mais une chose est sure : il serait en train de souffrir atrocement à l’heure qu’il ait si cela s’était produit.

— Bien je vous remercie. Je vous laisse retourner à vos occupations. 

 

 

 

DEPOSITION DE JULIEN GIOVANNI – VENDEUR A L’EPICERIE ROSTANG

 

— Comment vous savez qu’il avait des dettes et vous devait-il de l’argent ?

— J’ai appris pour ses dettes grâce à lui. Il me disait quand il perdait de grosses sommes. Un jour il m’avait dit qu’en une partie il avait perdu plus de 1500€. Je trouvais ça énorme. Il était vraiment dans la galère. Donc dans un élan de sympathie, je lui avançais certaines courses qu’il ne pouvait pas se payer. Pour répondre à votre question, monsieur Lacan : oui, il me devait de l’argent et ce depuis maintenant plusieurs semaines. À force, ça commençait à être dur pour moi aussi. Ça finissait par empiéter sur ma vie. Je devais mettre un terme à toute mes activités, c’était vraiment pénible. Je manquais d’argent pour avoir été gentil avec quelqu’un qui ne faisait que perdre aux jeux. Mais je m’inquiétais pour lui tout de même. Il ne faut pas croire que je suis un monstre sans cœur.

— Pourquoi parlez-vous de Mathieu au passé ?

— Je … je parle de lui au passé ? Je n’avais pas remarqué. Je parle de lui comme ça car, euh, car il n’est plus là, je ne l’ai pas vu depuis longtemps. Je pense que quelqu’un qu’on ne voit pas, on peut parler de lui au passé. Mais il est mort, non ? Donc pourquoi cette question ?

            — Mort ? Certainement pas. En tout cas, nous n’avons pas retrouvé de corps, je vous le rappelle.

— Oh ! Excusez-moi je croyais que vous l’aviez trouvé.

— Avez-vous connaissance de problème de drogue ?

— Je le sentais un peu à bout ces dernières semaines. Je le soupçonnais de prendre de l’héroïne. Mon frère en prenait et il était devenu comme Mathieu. Mathieu aurait alors une autre raison de plus d’avoir besoin d’argent. Je pense qu’il se droguait pour oublier ses défaites, ses dettes ou les disputes qu’il avait avec sa femme, ça ne m’étonnerait pas de lui comme je vous l’ai dit précédemment il avait commencé a fumé récemment.

 

 

DÉPOSITION DE NICOLAS KAHN – FRÈRE DE MATHIEU (MINEUR)

 

            — À qui en voulez-vous le plus ? À votre frère ou à votre mère ?

— Humm, je pense que j’en veux surtout à ma mère. Mon frère, lui, n’y pouvait rien à ce qu’elle soit toujours sur son dos. Je ne suis d’ailleurs pas en bon terme avec ma mère et puis de toute façon elle n’est presque jamais là. Bon ok, j’avoue j’en ai longtemps voulu à Mathieu aussi, et c’est aussi à cause de ça que notre relation est devenue compliquée, mais jamais je ne lui aurais fait de mal. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, l’autre jour il est venu me voir pour essayer de renouer, alors que ça fait au moins 6 mois qu’on ne se parle pas. Sur le moment, j’ai trouvé ça bizarre, mais je l’ai écouté et finalement je l’ai renvoyé bouler : son petit numéro, je le connais, il allait à coup sûr me demander de lui prêter de l’argent, me raconter ses problèmes ou je ne sais quoi d’autre.

            — Il doit de l’argent ?

— Évidemment ! A commencer par moi d’ailleurs. Je lui ai prêté 200 euros l’été dernier pour l’aider à faire une surprise à sa femme. A part ça, Mathieu doit de l’argent à un bon paquet de gens, à peu près tous les gens qu’il côtoie dans son entourage en fait. Tenez, vous n’avez qu’à demander à son collègue Marc, ou au mec de l’épicerie dans la rue où il habite. Quand j’y suis allé pour faire des courses, dès qu’il a vu mon nom sur la carte de fidélité, il m’a pris par le col et il m’a dit de dire à Mathieu qu’il devait passer pour lui rendre son fric, et que s’il le faisait pas ça allait mal se passer. Mais bon, Mathieu est réglo, je pense qu’il lui a rendu depuis. Donc bon, pas de quoi s’inquiéter de ce gars-là à mon avis.

            — Est-ce que vous savez que votre frère se drogue ?

— Comme je vous l’ai déjà dit, je ne connais presque rien de sa vie. Donc non, je ne savais pas. Mais ça m’étonne beaucoup de lui, vous en êtes sûr ? Mathieu n’est pas le genre de garçon qui se drogue, ce serait même plutôt celui qui dénonce les drogués, et qui les traîne en désintox. Après tout, il a certainement beaucoup changé depuis qu’il ne vit plus ici et ses fréquentations aussi j’imagine...

 

 

FIN DU 2ème ÉPISODE

 

avec :

 

Le Dr Manon Riault – Ellyn Sarbach

Julien Giovanni – Marius Verguin

Nicolas Kahn – Alix Benhamou

 

 


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