MATHIEU KAHN A DISPARU
Seules trois personnes l'ont vu récemment.
Son frère. Son médecin. Un commerçant du coin.
Depuis, la police le cherche.

Détail important : Mathieu Kahn est aveugle.

ÉPISODE 3: FINAL

 

Mathieu Kahn a disparu et personne, ni son médecin,

ni son frère, ni l’épicier du coin de la rue qui prétend être son ami

ne savent où il est.

Au commissariat, les interrogatoires

des deux principaux témoins se poursuivent,

quand soudain…

 

 


 

 

 

DR MANON RIAULT

 

Pour la deuxième fois en moins de quelques heures, je me retrouve encore sur cette même chaise toute bancale. J’ai reçu un message de ce chère Mr Lacan il y a deux heures me demandant de venir au commissaire aussi vite que je le pouvais car il avait une dernière question à me poser. J’ai été plutôt étonnée de voir ce message, je pensais qu’après notre échange d’hier il n’avait plus rien à me dire. Je me demande ce qu’il a bien pu découvrir cette fois parce que toute cette histoire commence vraiment à m’inquiéter. Je l’aimais bien moi ce jeune Mathieu.

— Bien. Comme je sens que cette enquête touche, bientôt à sa fin ; j’aimerais vous poser une dernière question, Dr Riault.

— Je vous écoute.

— Êtes-vous responsable de la disparition de Mathieu Khane ?

Alors ça, si je m’attendais à cette question. Enfin bon, s’il me la pose c’est qu’il doit vraiment avoir une idée précise du coupable. Ce n’est pas trop tôt, je commence vraiment à en avoir marre d’être déranger tous les deux jours.

— Manon Riault ? Vous m’entendez toujours ?

— Oui, oui, pardon, excusez-moi.

— J’attends votre réponse.

— Et je vais vous la donner.

Je m’avançai pour prendre appui avec mes coudes sur la table devant moi, et dit en détachant bien chaque mot :

— Je ne suis pas responsable de la disparition de mon patient Mathieu Kahn. A quoi cela m’avancerait sérieusement ? Si je le faisais disparaitre, je perdrais une de mes principales sources de revenue. Il est très dépendant de moi, dois-je vous le rappeler ? À moins d’un problème majeur, comme sa disparition par exemple, je sais que je pourrais toujours compter sur lui pour me permettre de payer mon loyer.

Un silence pesant se fit alors de l’autre côté des haut-parleurs puis il fut rompu par ses paroles :

— Je vous remercie de votre déposition et de votre collaboration docteur Riault, vous pouvez partir. La prochaine fois que je vous vois, je vous donnerais le nom de notre coupable.

— Je l’espère bien, bonne journée Mr le commissaire, et bonne chance si vous en avez encore besoin.         

 

DEPOSITION DE JULIEN GIOVANNI – VENDEUR A L’EPICERIE ROSTANG

 

— Êtes-vous responsable de la disparition de Mathieu Kahn, Monsieur Giovanni ?

— Non. Évidement je ne suis pas responsable de la disparition de Mathieu. Comme je vous l’ai dit : il était mon ami. Je suis triste de sa disparition, il était vraiment sympa comme gars. Et en plus votre question est un peu bizarre : quelqu’un qui est réellement le fautif ne va pas se dénoncer, c’est évident ! Il essaiera de contourner le sujet en faisant des remarques ou des longues tirades qui ne veulent rien dire et qui sont juste là pour le dédouaner. Moi je pense que vous vous trompez en me soupçonnant. Mathieu était mon ami, jamais je ne lui aurais fait quoi que ce soit, malgré les histoires d’argent. Je ne vois vraiment pas en quoi je suis suspect.

 

DÉPOSITION DE NICOLAS KAHN – FRÈRE DE MATHIEU (MINEUR)

 

— Avez-vous une part de responsabilité dans la disparition de Mathieu Kahn, Nicolas ?

         — Non. Je vous le répète, je n’aurais jamais fait de mal à Mathieu, c’est mon frère. Par contre, s’il est parti de lui-même, c’est peut-être de ma faute… Peut-être que la façon dont je l’ai rejeté l’autre jour l’a blessé ? Ou alors peut être que je ne l’ai pas assez soutenu pendant ses périodes sombres ? J’aurai peut-être dû être plus attentif à lui, à sa vie…Bref, je n’en sais rien, mais en tout cas je ne lui ai rien fait du tout.

         — Vous êtes pourtant la dernière personne qui a cherché à le joindre selon les relevés téléphoniques.

— C’est vrai… Je lui ai donné rendez-vous car je m’en voulais pour la dernière fois, je n’avais pas été sympa et ça ne me ressemblait pas. Nous avions convenu de se retrouver à 22h, dans le hall de l’immeuble pour ne pas réveiller notre mère. Je l’ai attendu, jusqu’à 23h, mais il ne s’est jamais pointé. Je lui en ai voulu, j’essayais de faire des efforts, et lui ne prenait même pas la peine de venir. Je l’ai appelé au moins 5 fois ce soir-là mais il n’a répondu à aucun de mes appels. J’étais énervé, alors je ne me suis pas dit qu’il lui était peut-être arrivé quelque chose. J’aurai dû, on en serait peut-être pas là aujourd’hui. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de grave...

* *

         Au cours des entretiens, un téléphone sonne avec insistance quelque part dans le commissariat. Personne ne décroche. Jusqu’à ce qu’enfin…

C’est le branlebas de combat au commissariat. Tout le monde est sous tension. La police vient de recevoir un appelle de Mathieu Khane, mais maintenant il faut le localiser. Cela fait maintenant dix minutes que tous les yeux sont rivés sur l’écran de l’agent Philippe Mirion, le spécialiste chargé de cette importante mission. Puis soudain, une adresse apparaît « 22 rue Montesquieu ».

— Oh bordel, t’as réussi Philippe ! t’as réussi ! s’exclama le commissaire Lacan, personne ne panique, vous allez tous m’écouter : Philippe toi tu bouges pas d’un poil et tu restes en communication avec moi pour me prévenir si ça bouge ; je veux les agents Dupond, Leroux, Mulet, Pelletier et Moreau avec moi on part retrouver le disparu. Briand, toi, t’appelles les pompiers et tu nous les envoie, et Dupuy tu te charges de nous préparer du renfort : on sait pas ce qui nous attend. Maintenant que tous le monde a ses ordres c’est parti les gars, on va le ramener ce Mathieu Khane !

Comme l’avait demandé le commissaire, les cinq agents et lui se retrouvèrent alors dans une voiture fonçant à tout allure direction le 22 rue Montesquieu. Arrivés à destination, il n’y avait personne dans les environs mais ils découvrirent une cave fermer à double tour. Heureusement, il en faut bien plus pour arrêter les policiers. Au moment où la porte céda sous les coup d’un bélier qui se trouvait dans le coffre de la voiture, les pompiers et les renforts débarquèrent. En entrant dans la cave, ils n’eurent aucune mauvaise surprise. Après quelques instants, on repérât Mathieu Kahn, recroquevillé dans un coin, le téléphone qui avait permis de le retrouver à côté de lui. Il était totalement inconscient, couvert de blessures, mais bien vivant. Au moment où les pompiers le chargèrent dans une civière, il reprit conscience. Le commissaire lui dit alors :

— Bonjour Mathieu, je suis le commissaire Lacan. C’est moi qui étais chargé de te retrouver. Je suis désolé d’avoir mis autant de temps. Comme tu es blessé, les pompiers t’amènent à l’hôpital. Est-ce que tu as quelque chose à me dire ?

— Oui, enfin je crois. Pendant que je vous attendais, la mémoire m’ai revenue et je me souviens de ce qui c passé, je me souviens de cette voix qui me criait dessus pendant qu’elle me frappait.

— Et c’était la voix de qui ?

— De Julien Giovanni, mon épicier.   

 

FIN DE LA DEPOSITION DE JULIEN GIOVANNI

 

— Vous avez une explication à nous donner ?

         Bon, oui, c’est vrai j’avoue, ça ne sert plus à rien de le nier. Vous allez le savoir un moment ou un autre. Je vais tous vous raconter. Alors : ça a commencé avec juste des disputes à propos d’argent pour qu’il se paye sa drogue. Ça m’avait énervé de tout le temps devoir lui donner des sommes énormes. En plus, c’était aggravé avec ce qu’il perdait au poker et dans d’autres jeux d’argent. Tout ça c’est envenimé il y a quelques jours, et nous nous sommes battus. Enfin, JE l’ai battu étant donné sa maladie qui lui empêche de voir. J’avais demandé à mes cousins de l’embarquer après son passage mensuel à l’hôpital. Puis après cette bagarre, je leurs ai demandé de le cacher dans cette cave. Je me rends compte aujourd’hui que j’ai été un véritable monstre. Je regrette vraiment. Mais, je commençais à emprunter de l’argent à toute ma famille. Je ne m’en remettrais surement jamais. Tout ça à cause d’une simple histoire de fric qui a mal tourné.

 

 

FIN

 

avec :

 

Le Dr Manon Riault et narration – Ellyn Sarbach

Julien Giovanni – Marius Verguin

Nicolas Kahn – Alix Benhamou

 

 

 

BONUS TRACKS

 

Oui, tout le monde se demande encore comment ce pauvre Mathieu Kahn a bien pu trouver le téléphone portable qui lui a sauvé la vie.

Voici trois propositions avancées par nos trois auteurs :

 

Ellyn Sarbach :

« Pour trouver le téléphone, Mathieu a eu beaucoup de chance. Étant donné qu’il est aveugle, il ne pouvait ni voir où il se trouvait, ni voir ce qu’il y avait autour de lui, et comme il était très mal en point, il avait du mal à se déplacer. Il était donc immobile. Mais bon, à quoi cela lui servait de bouger puisque de toutes façons, il ne pouvait rien voir. Mais au bout d’un certain, ses yeux ont commencé à lui faire mal. Au début ce n’était presque rien, mais plus le temps passait plus la douleur augmentait. Il y eu un moment où ses yeux lui faisaient tellement mal qu’il se mit à hurler de douleur. Alerter par ce bruit, Julien vint voir ce qui se passait. Quand il débarqua dans la cave et qu’il découvrit son ami, Mathieu Kahn, en train de se tordre de douleur et couvert de sang, son premier réflexe fut d’appeler une ambulance mais avant de se rendre compte de ce qu’il faisait, une voix répondit de l’autre côté du fil. Prenant alors conscience de ce qu’il faisait il jeta son téléphone avec violence et parti en courant. C’est comme ça que Mathieu pu joindre la police. »        

 

Marius Verguin :

« Le téléphone était là car la cave était un entrepôt de matériel informatique jeté, il y avait plein de téléphone que Mathieu a essayé pour au final, au bout de 10 minutes, trouver celui-là, avec un chargeur et une prise qui ne marchait pas vraiment et c’est comme ça qu’il a pu appeler la police. »

 

Alix Benhamou :

« Lorsque les cousins de Julien l’ont déposé dans la cave, un des deux a fait tomber son portable, dans la précipitation. Il ne s’en est même pas rendu compte, puisqu’il pensait l’avoir oublié chez lui. Heureusement pour Mathieu, la femme de ce gros idiot a vu qu’il partait sans, et l’a glissé à l’intérieur de sa poche juste avant qu’il passe la porte d’entrée. Lorsqu’elle a voulu l’appeler pour savoir s’il mangeait au boulot ou pas, Mathieu trouva le téléphone. Sans le savoir, elle a sauvé la vie de Mathieu Kahn... »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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